Ce petit square est somme toute très agréable. Surtout quand il n'y a personne. Il est 9h20. Je devrais être en informatique pour une séance d'inititation. Mais je suis arrivé en retard. De 15 minutes. Et que suis donc indésirable jusqu'au début de la prochaine heure. Avant l'heure c'est pas l'heure, après l'heure... Qu'est-ce que c'est après tout 15 minutes de retard ? J'ai décidé de le voir comme 45 minutes d'avance. Je suis arrivé trop tôt en quelque sorte. "Le retard est un luxe" a déjà probablement dit quelqu'un. Surement, je n'ai pas pu l'inventer. Mais c'est exactement le cas. Profiter des 35 minutes qu'il me reste, des minutes "en plus", qui, me semble-t-il, ne me sont pas décomptées du total fatidique. Je peux en faire ce que j'en veux. J'avais décidé de lire, puis je me suis ravisé, j'ai sorti un feuille, mon crayon, et j'ai décidé d'en parler. Je crois qu'il est arrivé à point ce petit moment, alors que la lassitude du trajet quotidien commençait à vaguement me gagner. Un bus bondé de sardines collégiennes en uniformes, puis un train pris d'assaut par des hommes, en costume eux aussi, qui, arrivés à St Lazare courent vers le métro, pour arriver à l'heure dans un bureau où aucun n'a vraissemblablement envie de se rendre. J'ai su que j'allais être en retard à partir du moment où j'ai préféré ne pas monter dans le bus-boîte-de-sardine, mais d'en attrapper un autre (magie de la RATP) à une centaine de mètres de là, presque vide celui-ci, mais qui arrive plus tard. Et j'ai essayé de profiter de ce retard. Un peu difficile au départ, on a la gorge serré et, tel un collégien appeuré, on guette le nombre de sations en regardant frénétiquement sa montre, espérant qu'aucun feu rouge ne viendra freiner la course du bus. Parce que l'espoir d'arriver à l'heure reste toujours en nous. Puis l'on s'en détache. Progressivement. On s'assoit sur ses deux fesse, on lis, on regarde ces hommes pressés courrir autour de nous. Dans les couloirs de métro, sous les néons, entre deux murs recouverts de carrelage blanc, les gens qui vous doublent. Non, je resterais calme. Jusqu'au bout. Vous ne m'aurez pas. De toute façon je n'y peux rien, je suis déjà en retard. Arrêter le temps n'y suffirait pas, l'heure est déjà passé. Il est trop tard. Je suis en avance désormais.