Alors ce matin, comme ils ne distribuaient pas Le Monde gratuitement à la fac et que je ne le lis qu'à cette condition là, et encore, que les trucs qui m'interressent (enfin c'est arrivé 2 fois alors de là à tirer des généralités) j'ai attrapé un 20 Minutes, merveilleux journal gratuit dont l'horoscope m'informe au moins 1 fois par semaine que je vais trouver l'âme soeur. Ce qui, aux dernières nouvelles, ne s'est pas encore produit. Comme quoi dans le 20 Minutes ils racontent n'importe quoi et ils mentent éhontément. Si si, je suis sérieux.
Enfin, c'est toujours mieux que le Métro qui se contente de juxtaposer des dépêches de l'AFP de manière inommable poussant ma personne à systématiquement ne pas le prendre à la sortie des souterrains métropolitains voire même, à l'esquiver lorsque, arrivé dans l'amphi, la horde de jeunes filles (si si, promis) me dit bonjour et me tendent un Métro sorti tout droit de leur stock de la journée (en vrai y en a qu'une seule qui me le tend, les autres se contentent de me dire bonjour) je me fais un plaisir de refuser. Et puis l'horoscope du Métro n'est guère mieux.
Mais bon, je ne suis pas là pour parler de la presse gratuite ou des hordes de jeunes filles qui me disent bonjour (dont Miss Renoir ne fait of course par partie, too easy for you, boy) mais de ce que ce matin, au détour d'un entrefilet, 47 mots dans une colonne en bas de LA page "Monde", je lu d'un oeil distrait et sans froncer les sourcils :
Notre bien aimé XVI, Benoît de son prénom, a dit bien haut et bien fort, (de son balcon peut-être, mais en 47 mots je n'ai pas beaucoup plus de précisions) que les homosexuels pouvaient bien se gratter pour devenir prêtres et que l'homosexualité était un pêché grave (mais que bon ce sont des humains alors on les respecte quand même).
Pour tout dire, à première lecture j'ai considéré ça comme de la non-information, jusqu'à ce que ma collègue, admirable jeune fille à la morale (franco-républicaine tendance gauchiste) absolument ir-ré-pro-chable, me disent "t'as vu dans le 20 Minutes ?" "Ouais" lui réponds-je, à cet instant absolument incapable de dire si j'ai réellement vu puisque j'ignore encore quoi, mais ça importe peu, je devrais être capable de réagir à son propos même sans avoir lu. "Le pape est contre les homosexuels". Je ressens chez elle une sorte de dégoût profond, un peu le même que si elle avait dit "Tu as vu Le Pen il est contre les arabes". Moi, réellement incapable de répondre quoi que ce soit d'intelligent à ce fait brut je dis "oui" d'un air profondément blasé puis, voyant qu'elle attend de moi que je m'outre-mes-grands-dieux, je poursuis, d'un air relativement morne (pour situer j'étais en TD d'Algéo, TD dans lequel j'ai perdu depuis longtemps tout espoir d'y dénicher un quelconque intérêt ou à défaut un problème sur lequel exercer mon cerveau), de mon air le plus morne donc "Bah oui, tu t'attendrais à quoi de la part du pape ? Qu'il dise du bien des boîtes échangistes aussi ?". Elle réfléchit un instant puis dit "mais c'est du racisme !". Je passe allègrement sur "racisme", nous sommes en section Maths et pas Lettres Modernes, j'ai perdu tout espoir dans ce domaine. Elle continue "je ne vois pas pourquoi on empêcherait des gens qui s'aiment de s'unir". "Bah, il n'a jamais empêché ça... il a juste dit que c'était mal. Tu sais, l'Eglise dit aussi que faire l'amour avant le mariage c'est mal, que boire c'est mal et que fumer aussi je suis sûr" rétorqué-je (j'adore cette forme d'inversion de la première personne au présent) "tu veux pas non plus que les prêtres aient le droit de se marier et aient des enfants aussi ?". Ce à quoi elle m'oppose un "il faut vivre avec son temps". Fin de la conversation.
Parce que franchement, c'est plutôt l'inverse qui m'aurait étonné, que notre Benoît international se mette à fléchir et à relâcher sa morale (chrétienne tendance biblique) en disant que les homosexuels sont des gens beaux et intelligents et qu'ils devraient tous être bénis pour l'amour qu'ils se donnent entre eux. Je dois même avouer que la partie sur le "respect aux homosexuels" est la partie qui m'a le plus interrogée quand j'ai lu l'entrefilet sus-mentionné, croyant détecter là une petite technique de comm' pour ne pas paraître trop méchant dans une époque où l'Eglise gagne et perd de la vitesse en même temps (ça dépend des situations et des reportages en fait). Que l'on mette des affiches de filles qui s'embrassent dans le métro ne me dérange absolument pas (les garçons j'ai un peu plus de mal à m'y faire quand même mais bon, je ne les déchire pas non plus) et même si moi et le mariage gay, on est pas très ami, ça fait partie des choses pour lesquelles je suis prêt à me plier à la démocratie, autant ma morale (libérale tendance cynique) et ma vision du monde en prendrait un sacré coup si les prêtres se mettaient à se marier...
Ma collègue a conclut "alors je ne suis plus catholique !". Ce a quoi j'ai répondu "voilà une bonne chose de faite. Tu peux devenir protestante et ne plus reconnaître l'autorité du pape". "Mais je continue à croire en dieu !". "Si tu veux... enfin..."