Sophie, c'est la petite brune avec le casque. Elle est sure d'elle, Sophie. Elle ne fume jamais ses cigarettes jusqu'au bout, en fait, meme, elle ne fume que les cinq premiers millimètres, puis elle l'éteint dans le verre de Coca Cola du vigile, qui ne bronche pas.
Evidemment, Sophie, c'est la princesse du studio 900, alors on ne lui dit rien, c'est elle qui parle, qui indique à Nikos qu'il est en retard, qu'il faut qu'il se dépeche. Elle est la maitresse des lieux, avec sa liste de ceux qui peuvent, ceux qui auront le privilège d'etre personellement accompagnés par elle vers son domaine, qu'elle coche, d'un air inspiré. On lui vend notre image, d'une signature rapide, sans y penser parce qu'elle sait nous le faire oublier.
C'est une princesse et à ce titre ne travaille pas, elle déambule autour du décor, toujours hors-champs, mais toujours dans mon angle de vision. Elle sourit. De mon sourire ?
Elle fait vingt-deux ans, Sophie, elle en a surement un peu plus, vingt-huit peut-etre. Mais le casque, avec le micro devant ses lèvres, est trompeur. Quant au jean, déchiré pour laisser aparaitre par moment ses genoux, je ne sais s'il est signe de vieillissement, dans un sens, ou bien dans l'autre.
Maintenant, Sophie, si elle était magnanime, elle composerait elle-meme le numéro que je lui ai laissé.