En 2001, je ne sais plus si j'étais en seconde ou en première, je participais au Prix Goncourt des Lycéens. Nous avions fait la rencontre de l'une des auteurs de la compétition (qui allait gagner d'ailleurs), Shan Sa, au Triangle, à Rennes.
La jeune femme, très mignonne à l'époque, s'était installée derrière les grandes tables en bois pour répondre à nos question naïves de lycéens. Je ne me rappelle de rien, pas même de la teneur du roman, La joueuse de go, sinon d'un point de détail de sa démarche littéraire.
Son roman était originellement deux fois plus épais, nous a-t-elle raconté, verbeux et plein de circonvolutions, chaque substantif accompagné d'un, deux, voire trois adjectifs et de quelques subordonnées. Quelqu'un avait émis l'hypothèse que cette surcharge provenait peut-être du chinois, sa langue maternelle. Elle nous a confié avoir eu la nausée face à cette surcharge et que, pour la réécriture de son roman, elle s'était imposé une discipline d'une rigueur absolue : les subordonnés n'étaient, dans cette version, plus qu'exceptionellement tolérée, les adjectifs tous êtres justifiés, les phrases aller à l'essentiel. Épuisant, avait-elle conclu. Mais satisfaisant.
Wikipédia m'apprend que nous nous sommes tous levés pour lui répondre "Vive Shan Sa !", évidemment, je ne m'en rappelle pas.