C’est difficile d’être “soi-même” parce qu’il y a ce qu’on dit, il y a le soi qui dit et le soi qu’on voit dans le miroir sur le miroir du bar en face qui te regarde et qui te juge toi même en train de dire ce que tu es toi et que tu ne réalises pas que tu es.
Elles sont quatre à m’avoir independament envoyé des screenshots du hastag naissant #SwiftiesForFrontPopulaire (un “friendship bracelet”, un t-shirt à imprimer soi-même, plus tard une capture de manif, etc), tous suivis de mentions relatives à la reconnaissance de ce qui semble, à leurs yeux, constituer la substantifique essence de mon être-moi : “c’est trop un hashtag pour toi” ; “est-ce qu’on fait plus Julien Zamor core que ça” ; “impossible que ça te plaise pas” et même un “ça m’étonnerait pas que tu sois derrière tout ça”.
Je vis avec la relative mais néanmoins immense culpabilité d’avoir contribué à mettre Emmanuel 1er, notre Jupiter Républicain Tout-Puissant, à la place qu’il occupe actuellement. Je ne peux pas le nier, je ne suis pas du genre à réécrire l’Histoire, surtout pas la mienne et ses écueils, surtout qu’il y a un post qui en parle un peu plus bas.
Tout vient à point à qui sait préparer ses outils de perception pour saisir l’opportunité qui se présente à portée de main sans attendre.
Collectivement, je sens l’opportunité d’enfin pouvoir participer à faire élire, si ce n’est une majorité – parce que je n’arrive pas à faire taire mon pessimisme de sauvegarde – mais au moins un groupe fort de gauche pour contrebalancer l’incompétence notoire d’une gouvernance émanant de gens dont on se demande sincèrement comment ils sont arrivés là (parce que personne d’autre ne voulait de tel ou tel autre ministère ? parce qu’entouré de gros nullos, le PR se met lui-même en exergue sur son piédestal ?)
La même opportunité que celle qui m’est arrivée par le pur fruit du hasard à minuit, alors que depuis plus de 3 mois je la cherchais. Moins d’une semaine avant la première date de Taylor Swift à Paris, une place. Trois longs mois de remise en question, parce que j’étais persuadé qu’il était constitutif de mon être d’avoir droit à participer à ce concert. Il m’était absolument inconcevable que je n’y participasse pas. Et pourtant. Rien. Le désert. Pas de réseau en dépît de toute l’agitation de mon téléphone dans toutes les directions. Viens alors la question de ce que l’on est prêt à “laisser” de soi pour obtenir ce que l’on veut.
Il y a quelques définitions et maximes toutes faites qui résonnent en moins. “The price of something is what you’re ready to give up to get it”. Le désespoir fait parfois grandir démesurément le “ce qu’on est prêt à”. Chez moi, le désespoir qui perdure, qui s’ancre dans le temps, m’amène, sainement (j’espère) à tout de même questionner la l’étendu de la démesure de ce que je suis prêt à “give up”. Je ne suis pas du genre à regretter des achats impulsifs (moins par force morale que tout simplement parce que je vis plus que confortablement et que même des écarts même substanciels au budget ne remettent jamais en cause ma qualité de vie) mais tout de même parfois je me regarde dans le miroir (et pour le coup, souvent celui d’un bar) en me disans “quand même là Julien t’a déconné”.
C’est là l’outil de perception qui fait saisir la bonne opportunité parce qu’on a définit son propre prix en deça duquel il ne faut pas hésiter à y aller même et surtout quand d’autres vous disent que c’est une connerie.
Aller voir Taylor Swift n’était pas une connerie, ça a changé quelquechose dans ma perception du monde et a réveillé une perception de moi.
Aller voter Front Populaire n’est pas une connerie, et j’ai l’espoir que ça changera quelquechose dans l’état factuel du monde et dans le quotidien de tous.